lundi 30 novembre 2009

Une image pour illustrer le poème et le thème de cette semaine: Du recueillement.


Une image, cette image, une évasion...

Les jours se raccourcissent, les nuits s’allongent ; le Soir se fait de moins en moins attendre.
Une période de l’année qui en fait déprimer plus d’un, et pourtant n’est-ce pas la période la plus favorable à la méditation et au recueillement ?
Chacun de nous n'a-t-il pas besoin de se trouver, de se retrouver? Où vais-je? Que fais-je? Quel sens ai-je envie de donner à ma vie?
La tombée de la nuit peut offrir un chemin d'évasion à l'esprit... Partir, loin, bien loin où personne ne peut nous accompagner. Être seul, un moment.
Partir où? En soi, pour soi et les autres. Partir en méditation avec ses pensées, ses doutes et ses envies pour mieux revenir. Apprendre à s'absenter un instant, pour être ensuite plus présent pour ceux que l'on aime.

Petit survol du poème "Recueillement"

Cette semaine, un de mes plus grands coups de coeur; à savoir "Recueillement" écrit par Charles Baudelaire en 1861 et paru dans le livre "Les Fleurs du mal" dans l'édition de 1868.
Ce choix me paraissait approprié après avoir publié la semaine dernière "Intérieur". En effet, tout comme dans le poème de la semaine passée, l'auteur s'adresse ici à sa Douleur intérieure et l'amène à une profonde introspection et au "recueillement".
Dans ce sonnet, l'auteur personnifie sa douleur non seulement de par l'utilisation de la majuscule mais également en s'adressant à elle comme s'il s'agissait de son enfant qui ne veut pas rester calme (tiens-toi plus tranquille).
Le poète entretient une relation paternelle avec sa souffrance. En effet, il la récomforte en lui disant : "Tu réclamais le Soir; il descend; le voici;" et il la protège du monde extérieur en lui demandant de prendre sa main afin de partir Loin d'eux, loin de ce monde qui les entoure. Le poète a besoin de cette douleur (viens par ici) et y est profondément attaché car elle lui permet de déclencher la poésie et de l'élever au-dessus des autres hommes.
Au début du sonnet, nous apprenons que la Douleur du poète réclame le Soir comme si cette Douleur réclamait sa mère pour pouvoir se sentir apaisée. Et à la fin du poème, le poète demande à sa Douleur d'écouter "la douce Nuit qui marche" comme si cette nuit symbolisait l'arrivée de la mère qui vient calmer son enfant afin que celui-ci puisse trouver la paix. Ainsi, Le Soir et la nuit ne sont pas pour le poète et sa Douleur des moments redoutés comme pour la plupart des hommes, mais au contraire, la nuit offre au poète et à sa Douleur des moments de solitude, de recueillement et d'apaisement.

COUP DE COEUR: "Recueillement" de Charles Baudelaire

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

dimanche 22 novembre 2009

Googlebooks et la question des droits d'auteur

Afin de revenir quelque peu sur l'actualité, tout en restant ancré dans le monde littéraire, il me semble intéressant de mentionner un débat d'actualité concernant les publications d'ouvrage mis en ligne par Google et la question des droits d'auteur.
En effet, comme l'indique le Temps dans sa publication du 16 novembre 2009, "GoogleBooks a aujourd’hui mis en ligne plus de 10 millions d’ouvrages, anciens ou encore soumis au copyright." Bien sûr, pour les étudiants ou les chercheurs, la mise en ligne de certains ouvrages facilite la recherche mais n'est-il pas irrespectueux vis-à-vis de l'auteur de faire paraître son ouvrage sans son accord et surtout d'omettre ses droits d'auteur? Ainsi, pour tenter de respecter d'une meilleure façon le travail fourni par les auteurs, "Google et les éditeurs anglo-saxons [ainsi que les auteurs américains] proposent une nouvelle version de leur accord." Le verdict concernant ce nouveau texte sera prononcé par le juge au mois de février. Pour plus de détails sur cette affaire, vous trouverez l'article en question, sur le site suivant: http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f5b9be24-d22e-11de-97c3-051b2c712e43/GoogleBooks_tempère_ses_ambitions
De cet article, une autre question peut également surgir: le livre parviendra-t-il à garder sa place avec l'avancée technologique? La forme de communication la plus ancienne, à savoir l'écriture manuscrite, ne serait-elle pas en train de disparaître? Peut-être. Et pourtant, la mémoire d'un ordinateur peut-elle vraiment remplacer l'étagère d'une bibliothèque des plus grandes oeuvres de l'histoire?

samedi 21 novembre 2009

Petite analyse du poème "Intérieur"

Ces vers mettent en avant le mal-être d'un individu forcé à quitter son monde d'enfance pour apprendre à faire face aux difficultés du monde des adultes. Ce poème évoque la Nostalgie d'une enfance qui s'en va et le mal-être de l'adolescence qui entraîne l'auteur dans la cour des grands où les difficultés de la vie semblent de plus en plus difficiles à gérer.
Les deux premiers paragraphes de ce poème mettent en avant une certaine idéalisation du passé. En effet, l'illusion (au vers 4) qui a pourtant une connotation négative est contrastée par les termes tels que fleurissent (vers 3) ou feux d'artifice (vers 4). Cette floraison est rendue possible car elle a lieu non pas n'importe où, mais dans la mémoire et donc dans les souvenirs du passé. La seule lumière(fin du 1er paragraphe, début du 2e)provient du passé. D'ailleurs, dans le deuxième paragraphe où le passé est clairement évoqué, les termes s'adoucissent et prennent des connotations positives ( comme paisiblement, ignorance, insouciance, innocence).
Puis, dans le troisième paragraphe, le temps qui passe aggrave les choses. Normalement, il est dit que le temps adoucit les peines mais pour l'auteur au contraire le temps qui avance le fait sombrer dans une solitude de plus en plus sombre. Comme le décrit l'auteur, les roses se sont fanées et donc on passe de la floraison de la mémoire qui était une ouverture sur l'extérieur à un mouvement vers l'intérieur qui amène l'auteur à une introspection et à un emprisonnement de son être. Alors qu'il s'enferme sur lui, l'auteur se trouve de plus en plus dans une douloureuse solitude et l'adolescence lui ouvre les portes de l'obscure réalité qui l'entoure. Ainsi, à l'adolescence, la lumière s'est éteinte pour l'auteur car il est sorti de l'enfance. Et le seul Rayon (6e paragraphe) qui parvenait encore à calmer sa peine s'en est allé aussi. On comprend ici qu'il s'agit de la séparation d'un premier Amour. Un Amour qui était la seule lumière dans le monde inconnu de l'adolescence... Mais tout s'est éteint.
L'auteur se retrouve dès lors avec sa tristesse, son désespoir et le silence. Dans le 9e paragraphe, il précise que non seulement l'Amour s'en est allé mais aussi l'Amitié. Et on ne sait pas si le vers Quand j’en avais le plus besoin (2e vers du 9 e paragraphe) se rattache à celui de l'Amitié( 1er vers du paragraphe) ou à celui de l'Amour(3e vers du paragraphe).
Finalement, à partir du 10e paragraphe (Ombre ombrageuse), l'auteur se retrouvant seul, commence à se parler à lui-même.Ombre ombrageuse est une critique de soi. L'auteur ne se sent plus à sa place. Il a une vision noire de sa personne puisqu'il se qualifie comme une ombre, inutile, sans corps et comme un individu qui dérange.
C'est au 13e paragraphe que l'auteur laisse finalement tomber son masque. Il finit à la fin du poème par tout cracher. Son intérieur s'extériorise. L'auteur va tout sortir, sa douleur intérieure va s'extérioriser à l'aide de l'écriture et va lui permettre de dire ce qu'il y a vraiment sous ce masque social. Tout chiffonner déchirer arracher déchiqueter mâcher cracher Vomir ! Une allitération et une assonance qui évoquent fortement l'extériorisation et le rejet de la douleur. D'ailleurs, afin de mieux accentuer le rejet et l'extériorisation de cette douleur, l'auteur ne ponctuera son poème qu'après le terme vomir avec un point d'exclamation.
Même si cette extériorisation ne se fait pas tendrement puisqu'elle aboutit au vomissement, l'écriture lui a peut-être permit de se libérer quelque peu de ces maux qui le rongent de l'intérieur...

COUP DE COEUR: "Intérieur" par Marie *

Entre ces quatre murs obscurs qui se rapprochent
Dans cette chambre remplie d’un vide intense
Fleurissent dans ma mémoire
Ces feux d’artifice d’illusion
Cette lumière résonnant dans mes pensées

Lorsque la Nostalgie me visite
On discute de l’Enfance
Qui s’est promenée paisiblement avec moi
Dans l’ignorance l’insouciance l’innocence

Mais le Temps était si pressé
Il m’a poussé dans le gouffre
Les roses se sont fanées
Les pétales tombés
Et seules les épines sont restées

Adolescence
Morte incandescence
Qui prend conscience
S’enferme dans sa souffrance

Vaine lutte
Dans cette vaste mer douloureuse
L’Angoisse m’envoie une bouée plombée
Je sombre dans les abysses de la détresse

Cet adorable Rayon
Qui venait parfois chuchoter dans l’obscurité
Qui étoilait mon triste ciel
Qui peignait en couleurs mon noir et blanc
Qui adoucissait l’amertume de l’existence
Qui atténuait la douleur d’une jeunesse perdue
S’est éteint

Noir étouffant

Et je pleure
Je pleure dans les bras de la Solitude
La Tristesse me sourit par compassion
Le Désespoir me console
Puis l’éternel Silence me berce doucement

L’Amitié m’a abandonné
Quand j’en avais le plus besoin
L’Amour m’a quitté
Il ne m’aimait plus il a cessé d’éclairer
Tous les deux sont partis
Main dans la main
Dans leur joyeuse atmosphère féerique

Ombre ombrageuse

Tu es insociable
Est-ce de ta faute
Pauvre ordure

Le Destin muet se moque de moi
J’ai perdu toute confiance en cet Espoir qui fait vivre
Il s’est suicidé

L’humour
Seul refuge parfois
Pour masquer la profonde affliction
Où je suffoque

Tout chiffonner déchirer arracher déchiqueter mâcher cracher
Vomir !

Tout m’exaspère



*pseudonyme

mardi 17 novembre 2009

Quelques mots sur le poème "Au coeur de ma bulle"

Voici ci-dessous un poème écrit par un anonyme. Comme je l'avais annoncé à la création de ce blog, il ne s'agit pas de parler ici de la renommée ou non de l'auteur mais de regarder ce que la plume d'un individu a essayé de montrer, d'évoquer ou de faire comprendre.
Ce poème fait allusion à la peine de mort. La prisonnière attend sa condamnation. Ce qu'il y a d'intéressant est que nous ne savons pas si la prisonnière est coupable ou innocente mais le but est plutôt ici de mettre l'accent sur le ressenti de cette personne condamnée.
L'environnement de la condamnéee est une cellule qui reflète extérieurement le repli qu'a la condamnée sur elle-même. En effet, nous comprenons qu'il s'agit à la fois d'une prison au sens physqique du terme mais aussi d'une prison intérieure dans laquellle le narrateur à plonger tout son être. L'enfermement physique,l'enfermement du corps a provoqué un enfermement sur soi, un enfermement intérieur. Les termes tels que Bulle, resserre, cloisons, encerclée, étouffe sont des termes qui mettent en avant cette sensation d'oppression. Cependant, ces termes sont sans cesse accompagnés de cette ambiguïté, à savoir si la condamnée parle de sa condition physique ou de sa condition psychique.
De même, nous comprenons à la fin du poème qu'elle attend sa condamnation mais à la lecture du poème nous avons l'impression que sa destruction physique a déjà commencé. En effet, la présence des termes et des expressions tels que le coeur saigne, à bout de souffle, dévorée, des vautours qui lui bouffent la chair nous indique déjà la présence d'une mort physique.
Parmi ces termes à fortes connotation négative, on retrouve cependant la présence de termes à connotation positive tels que je m'accroche, espérance, franchir ces obstacles, je savoure qui donne au lecteur et à la prisonnière une lueur d'espoir. Un espoir pour quoi? Pour qui? Est-ce l'évocation d'un espoir de voir la fin d'une vie en cellule ou l'espoir de voir un terme à la peine de mort?
Oui, la peine de mort, un sujet à controverse...

COUP DE COEUR: "Au cœur de ma bulle", poème d'Estelle...

Le stylo à la main à l’intérieur de ma cellule
Je n’ai qu’une envie
Sortir de cette bulle
Dehors personne
Ne sait combien mon cœur saigne et se resserre
A bout de souffle
Je me retrouve genoux à terre
Dévorée
Par des milliers de vautours
Qui me rongent et me bouffent la chair
Jusqu’à me transpercer le cœur
Conditionnée
Dans un monde qui crève
Je me relève et m’accroche sans trêve
A cette espérance
De pouvoir franchir
Ces obstacles
Auxquels je dois faire face
Prisonnière
Entre les cloisons qui m’engouffrent
Encerclée
Dans un univers qui m’étouffe
Je savoure mes derniers instants de supplices
Avant de rejoindre le précipice

Retour sur l'analyse du poème de Lord Byron "When we two parted" (2/2)

La semaine dernière, lors de mon séjour à Oxford, j'ai publié le poème de Lord Byron "When we two parted" afin d'en dire quelques mots puisqu'il s'agit d'un poème faisant parti de mes coups de coeur. N'ayant pas trop eu le temps d'approfondir mon analyse, je désire revenir sur des éléments d'analyse de ce poème.

Au-delà de la souffrance que peut apporter la séparation avec un être cher et au-delà des conséquences qui accompagnent une rupture, l'auteur, par son choix des mots et son style linguistique, nous amène bien plus profondément au sein d'un coeur déchiré par la douleur d'une séparation.
Ce déchirment du coeur et cette séparation peuvent être visiualisés par l'utilisation du mot "two" au premier vers qui se transforme en "half" au troisième vers. Ainsi, l'auteur ici parvient à nous montrer que le narrateur a perdu sa moitié. En effet, les deux amants ne forment plus deux êtres, mais au contraire avec le départ de son amant, le narrateur a perdu sa moitié et n'est plus que la moitié d'un être.
De plus, le narrateur parvient à nous faire ressentir dans quel froid il s'est plongé sans la présence de l'être aimé. Nous retrouvons des termes qui évoquent cette notion de froideur et de mal-être, tels que Pale, cold, sunk chill, shudder, .
Tout au long du poème, le narrateur fait un parallèle très intéressant entre le monde extérieur, la nature qui l'entoure et son monde intérieur. En effet, non seulement son corps entier ressent le froid d'un silence qui s'est installé entre les deux amants mais la nature elle-même en est le témoin( "the dew of the morning" par exemple).
L'évocation des sens est également très présente dans ce poème. On retrouve le toucher (avec des termes tels que kiss, check, shudder), la vue (tears, brow, light) et l'ouïe (silence, spoken, knell, ear). L'évocation de ces sens permet de monter ce qui se passe en lui et la façon dont il perd le contrôle de ses propres sens à cause de la séparation. Il ne lui reste plus que le silence, tout le reste a complétement disparu. Ses sens sont gelés et son corps est mort.
Le temps qui passe est pesant- ce qu'on ressent particulièrement dans le dernier paragraphe. En effet, la seule chose qu'il ressent encore est la pesanteur d'un silence que le temps ne parvient pas à calmer et qui ne finit jamais puisque une fois arrivé à la fin du poème, la phrase du début est reprise et tout recommence...

dimanche 8 novembre 2009

Week-end special a Oxford...


Les postes de cette semaine sont consacres a la ville d'Oxford.
Oxford, situee au Nord-ouest de Londres, est la ville universitaire par excellence.
Impossible de se promener dans ses rues sans y rencontrer des etudiants du monde entier avides de savoir et de connaissances.
Me trouvant en ce moment a Oxford, n'y a-t-il pas meilleure occasion pour partager mon attachement particulier a cette ville et a son heritage culturel? Ainsi, mon coup de coeur litteraire de cette semaine ne pouvait se retrouver que dans les mots passionnels de Lord Byrond, ecrivain inspire par l'atmosphere estudiantine de cette ville.

(PS: Je n'ai malheureusement pas acces a un clavier francais, veuillez m'excuser pour les accents.)

Quelques mots sur le poeme de Lord Byron...

Ce poeme a ete ecris par un auteur anglais de la fin du 18e, debut 19e siecle.
Un poeme qui parle de lui-meme a qui veut entendre...
L'amour peut etre la chose la plus constructrice comme la plus destructrice. Ici, l'auteur met en avant le silence qui peut accompagner la separation avec un etre cher. On ressent le froid qui s'installe petit a petit entre les deux etres pour aboutir finalement au silence et a la douleur d'une separation. Ce qu'il y a d'interessant dans ce poeme est que la rupture se fait ressentir non seulement au contact de l'autre, dans ses baisers, dans l'expression de son visage, mais le temps lui-meme annonce aussi le froid qui survient entre les deux amants.
Le poeme commence par un silence et des larmes et finit de la meme maniere: une facon de mettre en avant le cercle vicieux d'une douleur sentimentale qui ne cesse jamais et qui se repete... Sans que personne n'en sache jamais rien.

COUP DE COEUR: "When we two parted" de Lord Byron

When we two parted
In silence and tears,
Half broken-hearted
To sever for years,
Pale grew thy cheek and cold,
Colder thy kiss;
Truly that hour foretold
Sorrow to this.

The dew of the morning
Sunk chill on my brow—
It felt like the warning
Of what I feel now.
Thy vows are all broken,
And light is thy fame:
I hear thy name spoken,
And share in its shame.

They name thee before me,
A knell to mine ear;
A shudder comes o'er me—
Why wert thou so dear?
They know not I knew thee,
Who knew thee too well:
Long, long shall I rue thee,
Too deeply to tell.

In secret we met—
In silence I grieve,
That thy heart could forget,
Thy spirit deceive.
If I should meet thee
After long years,
How should I greet thee?
With silence and tears.

lundi 2 novembre 2009

A nouveau quelques mots sur ce deuxième extrait ci dessous...

La deuxième partie du texte de Blaise Cendrars est la suite du texte posté la semaine passé. Comme annoncé, cet extrait a un lien très fort avec le premier puisque dans ce deuxième extrait Blaise Cendrars compare sa vision maléfique de l'amour à l'image de la femme.
Pour lui, la femme reflète les souffrances qu'engendre l'amour. En effet, le corps de la femme lui-même est selon Blaise Cendrars le premier témoin de la souffrance- il prend pour exemples les souffrances physiques de la femme comme sa perte de virginité, ses mensurations ou encore l'accouchement. Dans l'extrait de la semaine passé, Blaise Cendrars a cherché à montrer que le but de l'amour était la destruction de l'homme. Dans cet extrait-ci, il fait une analogie avec la femme, perçue comme un astre mort, afin de monter qu'elle aussi détruit l'homme avant même qu'il ne vienne au monde. Elle cherche à le posséder et ne lui donne pas la vie mais au contraire en lui donnant naissance le met sur le chemin de la mort. Au fond, la femme en donnant naissance à l'homme engendre déjà la mort et donc la destruction et la souffrance de l'homme.
Blaise Cendrars perçoit la femme comme une puissance sadique auquelle l'homme est soumis et impuissant. Ainsi, l'auteur justifie les inégalités sociales, politiques, religieuses en expliquant que ce ne sont que des moyens qui permettent de limiter le pouvoir de la femme. L'homme ne peut faire sa place que par la force physique et plus loin il dira même que la seule arme pour l'homme de lutter contre la femme est alors l'assassinat. D'ailleurs, le titre du livre de Cendrars en est la preuve puisque "Moravagine" (nom du personnage principal) ne signnifie rien d'autre que "mort au vagin".
Si j'ai choisi cet auteur, ce n'est non pas par pur masochisme,:) mais au-délà du sens, je pense que ce texte appelle à la réflexion et peut mener à des points de vue intéressants qui mériteraient d'être débattus...

COUP DE COEUR: Suite de l'extrait du texte de Blaise Cendrars "Moravagine" (2/2)

" C'est pourquoi toutes les femmes sont masochistes. L'amour, chez elles, commence par la crevaison d'une membrane pour aboutir au déchirement entier de l'être au moment de l'accouchement. Toute leur vie n'est que souffrance; mensuellement elles en sont ensanglantées. La femme est sous le signe de la lune, ce reflet, cet astre mort, et c'est pourquoi plus la femme enfante, plus elle engendre la mort. Plutôt que de la génération, la mère est le symbole de la destruction, et quelle est celle qui ne préférerait tuer et dévorer ses enfants, si elle était sûre par là de s'attacher le mâle, de le garder, de s'en compénétrer, de l'absorber par en bas, de le digérer, de le faire macérer en elle, réduit à l'état de foetus et de le porter ainsi toute sa vie dans son sein? Car c'est à ça qu'aboutit cette immense machinerie de l'amour, à l'absorption, à la résorption du mâle.
[...] L'homme et la femme ne sont pas faits pour s'entendre, s'aimer, se fondre et se confondre. Au contraire, ils se détestent et s'entre-déchirent; et si, dans cette lutte qui a nom l'amour, la femme passe pour être l'éternelle victime, en réalité c'est l'homme qu'on tue et retue. Car le mâle c'est l'ennemi, un ennemi maladroit, gauche, par trop spécialisé. La femme est toute-puissante, elle est mieux assise dans la vie, elle a plusieurs centres érotogènes, elle sait donc mieux souffrir, elle a plus de résistance, sa libido lui donne du poids, elle est plus forte. L'homme est son esclave [...]Il subit.[...]
La femme est maléfique. L'histoire des civilisations nous montre les moyens mis en oeuvre par les hommes pour se défendre contre l'avachissement et l'effémination. Arts, religions, doctrines, lois, immortalité ne sont que des armes inventées par les mâles pour résister au prestige universel de la femme."